Octobre Rose est le mois de la sensibilisation au dépistage du cancer du sein. A partir de 50 ans, n’hésitez pas une seule seconde à faire une mammographie toutes les deux ans car plus le cancer est diagnostiqué tôt, meilleures sont les chances de guérison. Aujourd’hui, la qualité de vie des femmes est au centre des traitements. Cinq grandes avancées en témoignent, comme nous l’explique le Pr Roman Rouzier, responsable du pôle Sénologie de l’Institut Curie à Paris.
Des chirurgies moins mutilantes
« La technique du ganglion sentinelle* se développe de plus en plus. Si auparavant elle était réservée à des tumeurs de moins de 2 centimètres, elle est désormais élargie à des tumeurs plus volumineuses. Par ailleurs, l’ablation de la chaîne ganglionnaire n’est plus systématique, même si l’on trouve des cellules cancéreuses dans le ganglion. Dans de nombreux cas, le fait d’enlever le ganglion sentinelle suffit pour bloquer l’envahissement de toute la chaîne ganglionnaire. » Cela évite de nombreux curages axillaires souvent invalidants (lymphoedème avec « gros bras »).
De plus en plus de reconstructions immédiates
« Le nombre de femmes devant subir une mastectomie est de 28%. Jusqu’à présent, la reconstruction immédiate du sein n’était pas envisageable car on pratiquait les séances de radiothérapie après l’ablation. Aujourd’hui, dans certaines indications, la radiothérapie peut être proposée avant l’intervention, avec la même efficacité thérapeutique. Cette évolution des pratiques évite un délai d’attente de plus d’un an entre les deux interventions. Elle permet aussi de préserver le mamelon et la peau, ce qui rend la reconstruction plus esthétique. »
L’oncoplastie se développe également. En cas de forte poitrine, il est possible d’enlever des tumeurs relativement volumineuses tout en préservant le sein. On procède ensuite à une réduction de l’autre sein pour harmoniser l’ensemble.
Chirurgie plastique : des alternatives aux prothèses
« Le récent scandale PIP a accéléré le développement de techniques micro-chirurgicales permettant de se passer de prothèses. Celle qui se répand la plus aujourd’hui est appelée DIEP (Deep Inferior Epigastric Perforator). Elle consiste à prélever une palette de peau et de graisse vascularisée au niveau de l’abdomen. Cette palette est ensuite placée au niveau du sein et les vaisseaux branchés sur ceux de la paroi thoracique, avec de bons résultats dans 90 à 95% des cas. Cela donne un aspect naturel et vivant car la peau et la graisse du ventre sont celles qui ressemblent le plus au sein. La technique du lipomodelage utilisée en médecine esthétique permet ensuite d’effectuer des retouches pour un résultat optimal. »
Les soins de support en plein développement
« Nous ne pouvons plus aujourd’hui traiter la maladie sans prendre en charge la patiente dans son ensemble. Soulager l’angoisse ressentie, lutter contre la douleur des traitements, aider la femme atteinte dans sa féminité à se reconstruire autant physiquement que psychiquement est désormais au cœur de nos préoccupations. Pour cela, le service des soins de support s’ouvre aux techniques complémentaires telles que l’hypnose, l’auriculothérapie, l’homéopathie, les massages, la sophrologie. Les études ont montré l’efficacité de cette prise en charge globale pour réduire significativement les effets secondaires des traitements type nausées, vomissements ou fatigue. »
L’hygiène de vie au cœur de la prévention des rechutes
« L’exercice physique régulier, associé à une diététique appropriée limitant la prise de poids permet de réduire de 30 à 50% les risques de rechutes après un cancer du sein. » Voir notre article Réduire les risques de récidives de cancer du sein : un programme sur mesure à l’Institut Curie.
*Le ganglion sentinelle est le premier ganglion de la lymphe en contact avec la tumeur, le premier éventuellement atteint par des cellules tumorales cheminant dans la lymphe. Le chirurgien l’enlève pour l’analyser lors de la chirurgie d’exérèse de la tumeur. Les résultats de cette analyse orientent vers une éventuellement ablation de toute la chaîne ganglionnaire.
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