A l’approche du Yogafestival qui se tiendra à Paris les 11, 12 et 13 octobre prochains, nous avons pu rencontrer le Dr Lionel Coudron, médecin, professeur de yoga et enseignant en yogathérapie. Il nous explique comment cette pratique corporelle ancestrale est aussi une forme de médecine, dont l’efficacité est aujourd’hui démontrée par plusieurs études scientifiques et médicales. Le yoga entre d’ailleurs peu à peu dans les hôpitaux. Il nous parle de 6 grands axes, parmi de nombreus autres, où le yoga peut remplacer ou bien alléger les traitements traditionnels.
Le mal de dos
Une étude publiée en 2005 a montré que la pratique du yoga en cas de lombalgie chronique permet de réduire de moitié la consommation d’antalgiques. Le yoga rompt en effet le cercle vicieux de la douleur. Celle-ci incite à moins bouger, provoquant un enraidissement qui accentue encore la douleur. Pour lutter contre ce déconditionnement à l’effort, il faut remettre le corps en mouvement par la pratique progressive et régulière d’un yoga doux et adapté.
En pratique
Les étirements associés aux respirations profondes permettent un assouplissement de tout le corps. Les postures dynamisent les muscles profonds. Les groupes musculaires travaillent en synergie et non pas en opposition, ce qui évite les faux-mouvements. Les postures indiquées sont celles qui permettent de travailler le dos en flexion, en extension et en torsion.
Le stress
Le stress est une hypersollicitation interrompue, qui met le corps et le mental en tension permanente. La respiration se bloque, des contractures musculaires s’installent qui renforcent l’état de tension. Là encore, le yoga coupe ce cercle vicieux. Lors d’un cours, on s’autorise à faire une pause, à prendre du temps pour soi. Le pratiquant retrouve des sensations corporelles de détente qui rejaillissent sur son état psychique et émotionnel.
En pratique
Les enchaînements dynamiques, type Salutation au soleil (qui échauffe, assouplit, tonifie et détend) cèdent au fil de la séance place à des étirements des muscles dorsaux, généralement les plus tendus (trapèze, nuque, omoplates). On termine par des postures de relaxation puis par une pratique méditative au cours de laquelle on arrive peu à peu à faire le vide mental. Idéal pour récupérer autant physiquement que psychiquement.
L’insomnie
L’insomnie a plusieurs causes : anxiété, réaction au stress, hyperémotivité, désynchronisation des rythmes veille-sommeil. L’intérêt du yoga est de pouvoir agir sur chacun de ces facteurs, grâce notamment aux exercices respiratoires qui ralentissent la fréquence cardiaque, oxygènent profondément les tissus et agissent comme un anxiolytique naturel. Certains ont même une visée sédative et hypnotique, comme la respiration de la Lune qui consiste à inspirer par les deux narines et à expirer par la narine gauche.
En pratique
Les postures d’intériorisation comme la Charrue, le Demi-Pont ou les postures inversées favorisent le calme et la relaxation. Elles sont à pratiquer le soir. Le matin, on privilégie les postures de dynamisation et d’ouverture comme le Cobra, le Triangle, la Salutation au soleil. Leur pratique régulière déstresse et resynchronise les rythmes veille-sommeil.
L’hypertension
Une grande partie des hypertensions sont liées à des troubles du sommeil (sommeil non récupérateur, apnée du sommeil) et à des erreurs alimentaires (trop de sel, pas assez de potassium). Il est prouvé aujourd’hui qu’en associant une activité physique régulière à une diététique appropriée, on peut baisser la tension de deux points, autant qu’avec les médicaments. Le yoga agit directement sur la tension par des postures spécifiques mais aussi en aidant à trouver un sommeil de meilleure qualité.
En pratique
Les postures inversées augmentent la pression au niveau des barro-recepteurs carotidiens du cou, ce qui par voie réflexe abaisse la pression artérielle. Elles agissent sur le rythme cardiaque et calment les palpitations. Cet effet bénéfique se prolonge en dehors des séances, à condition de pratiquer régulièrement (en moyenne 30 minutes par jour).
Les troubles digestifs
Ballonnements, reflux, troubles du transit reflètent un dysfonctionnement de l’ensemble du tube digestif. Associé à des conseils alimentaires, le yoga redynamise ce fonctionnement qui dépend en grande partie du système nerveux autonome. Le yoga agit au niveau du système nerveux mais il a aussi une action mécanique directe sur la sphère digestive par le biais des respirations et des postures qui massent et brassent les muscles et les organes de la digestion.
En pratique
On privilégie les exercices et respirations qui mobilisent le ventre et le diaphragme (bascule du bassin, étirement lombaire, postures de torsion et postures sur les épaules, respirations abdominales profondes). On pratique également deux exercices d’automassage spécifiques : le barattage du ventre (contractions et relâchements rapides du ventre en bloquant la respiration) et Udyana banda (on rétracte le plus possible le ventre tout en expirant, en cherchant à le plaquer sous les côtes), très efficaces en cas de constipation.
La dépression
La dépression est ressentie autant psychiquement que physiquement : une grande fatigue, le sentiment de vide d’énergie, une attitude de prostration s’accompagnent d’une dépréciation et d’une dévalorisation de soi. A travers une pratique douce et progressive, le yoga réinsuffle peu à peu des sensations corporelles positives et permet de ressentir à nouveau la vie qui circule en soi.
En pratique
Les mouvements d’ouverture de la cage thoracique et des épaules, les postures de redressement de la colonne vertébrale, les respirations profondes aident à sortir progressivement de l’état de rigidité intérieure et de repli sur soi. La méditation n’est pas indiquée en cas de dépression, mais elle est aujourd’hui reconnue comme un outil de prévention pour éviter les récidives.
Pour en savoir plus sur la yogathérapie : « Soigner le Stress » et « Soigner l’insomnie » du Dr Lionel Coudron (Odile Jacob). Consulter également le site de la Yogathérapie. Cet article a été partiellement publié dans le magazine Télé 7 Jours.
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